Retour Le nombre de cas de harcèlement ne diminue pas grâce au télétravail
Le nombre de cas de harcèlement ne diminue pas grâce au télétravail
Expert Hilde De Man
Conseiller en prévention aspects psychosociaux
Le coronavirus s’avère parfois être à l’origine de harcèlement
Bien que près de la moitié des travailleurs belges aient dû travailler fréquemment à domicile en raison de la crise du coronavirus, le nombre de cas de conflits et de harcèlement sur le lieu de travail n’a pas diminué de manière significative en 2020. Sur le nombre total de dossiers, nous avons traité l’année dernière la même proportion de dossiers de conflits et de harcèlement qu’en 2019.
Malgré une légère diminution du nombre total de signalements liés au bien-être psychosocial, nous avons tout de même compté 39,6 % de dossiers de conflits (contre 40 % en 2019) et 14,9 % de dossiers de harcèlement (contre 14,8 % en 2019). « En d’autres termes, le harcèlement est un défi structurel sur lequel nous devons attirer l’attention lors de la Semaine contre le harcèlement moral », déclare Hilde De Man, responsable de la discipline Aspects psychosociaux chez IDEWE.
Nouvelles formes
Par harcèlement, nous entendons des formes d’exclusion, la rétention délibérée d’informations, les rumeurs, les insultes (personnelles et collectives) et les blagues déplacées. « Pendant cette crise du coronavirus, d’autres formes de harcèlement apparaissent également, et la pandémie pourrait même en être à l’origine », selon Hilde De Man. « Par exemple, nous constatons que certaines personnes sont ciblées parce qu’elles ont des valeurs et des normes différentes concernant les mesures. Il existe également une incompréhension mutuelle entre les personnes qui peuvent/veulent ou non faire du télétravail, et il arrive que des collègues revenant de quarantaine soient dévisagés ou évités. Il y a même eu des cas de toux ou de crachats délibérés. D’autres personnes signalent avoir du mal avec le comportement de surveillance de leur supérieur hiérarchique lorsqu’elles font du télétravail. »
La distance physique n’a pas empêché le harcèlement
La crise semble avoir rendu le degré d’appartenance plus extrême. Les équipes qui ont travaillé ensemble pendant cette période difficile se sont rapprochées, tandis que d’autres ont été fragmentées en raison d’un manque de contacts formels et informels précieux. Cette nouvelle situation est très propice aux tensions et au harcèlement, d’autant plus qu’il s’avère que la distance physique n’a pas empêché le harcèlement. Par exemple, les ragots de la clique habituelle du temps de midi ont migré vers les groupes WhatsApp ou Teams.
« Comme le télétravail est là pour rester, il est crucial que les supérieurs hiérarchiques travaillent aussi à distance sur le bien-être et l’état d’esprit de leurs travailleurs. Il est également très important d’établir des directives claires sur le télétravail et de montrer l’exemple en suivant les mesures liées au coronavirus. Et bien sûr, chacun peut apporter sa contribution sur le lieu de travail physique et virtuel : quel que soit votre poste, être attentif au bien-être de chacun reste le meilleur moyen de prévenir au maximum les conflits. »
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