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Près d’un travailleur sur deux est en proie à l’anxiété et à la dépression
Expert Lode Godderis
CEO d'IDEWE
Une étude d’IDEWE et de la KU Leuven évalue les répercussions du coronavirus sur la santé mentale des travailleurs.
La crise du coronavirus entraîne non seulement des problèmes physiques, mais aussi de nombreux problèmes de santé mentale à ne pas négliger. Près de la moitié des travailleurs (48 %) semblent souffrir d’anxiété et de dépression un mois après l’entrée en vigueur des mesures pour lutter contre le coronavirus. Ce pourcentage grimpe même jusqu’à 56 % dans les secteurs de l’alimentation et des soins de santé. En outre, pas moins de 38 % des personnes interrogées ont déclaré être moins efficaces au travail. C’est ce qui ressort d’une première grande étude sur le coronavirus menée auprès de plus de 6 500 travailleurs belges par la KU Leuven et IDEWE. Les résultats montrent également que les personnes seules et les personnes qui ne travaillent pas en raison du coronavirus sont les plus touchées par cette crise.
Comment se portent les travailleurs belges après 4 semaines de confinement ? La KU Leuven et IDEWE, le plus grand service externe pour la prévention et la protection au travail, se sont penchés sur cette question dans leur premier sondage à grande échelle sur une série de quatre. À l’issue de ce dernier, il s’avère que près de la moitié des travailleurs (48 %) souffrent d’anxiété et de dépression. Ils signalent ressentir au moins deux des problèmes suivants (un peu ou beaucoup plus que d’habitude) :
- J’ai eu l’impression d’être constamment sous pression (53 %)
- J’ai manqué de sommeil à cause de mes inquiétudes (41 %)
- Je me suis senti malheureux et déprimé (40 %)
- J’ai eu l’impression de ne pas pouvoir gérer mes difficultés (26 %)
Les résultats divergent considérablement d’un secteur à l’autre. Par exemple, pas moins de 56 % des travailleurs des secteurs des soins et de l’alimentation souffrent de dépression et d’anxiété, alors que dans le secteur de l’agriculture et de l’horticulture, ce pourcentage ne s’élève « qu’à » 39 %.
La satisfaction vis-à-vis du travail est la plus faible dans les secteurs de l’alimentation (49 %), des services de secours (52 %), de la logistique et du commerce de détail (55 %). Les secteurs des bureaux (66 %), des pouvoirs publics (66 %) et de l’industrie et du nettoyage obtiennent les meilleurs résultats.
Le Prof. Dr Lode Godderis d’IDEWE et de la KU Leuven déclare à cet égard : « Le personnel du secteur des soins de santé et de l’alimentation a déjà tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises, non seulement en raison de la forte pression au travail et des conditions de travail difficiles, mais aussi par crainte de tomber malade et de contaminer d’autres personnes. Les résultats du sondage indiquent que les travailleurs des autres secteurs sont également en difficulté. Eux aussi craignent le virus et les nombreuses incertitudes qui en découlent. De plus, le télétravail est devenu la norme, ce qui impose aux parents de gérer leur travail ainsi que la prise en charge et la supervision des leçons de leur(s) enfant(s) à distance. »
Il n’est donc pas surprenant que la situation familiale influence dans une certaine mesure le ressenti des travailleurs. Par conséquent, les personnes seules avec enfant(s) à charge ressentent le plus souvent de dépression et d’anxiété (54 %), talonnées par les personnes en couple avec enfant(s) à charge (49 %) et les personnes seules sans enfant (48 %). Les personnes en couple et sans enfant obtiennent les meilleurs résultats (42 %).
Lode Godderis poursuit : « Les travailleurs qui ont des enfants à charge souhaitent à la fois préserver leur efficacité au travail ET assumer leur rôle de parents, mais la situation rend cette combinaison très complexe. Elle s’accompagne de stress et de frustrations. Mais il est normal de ressentir ces sentiments, vous n’êtes pas seul. Le plus important est de ne pas en rester prisonnier. Évaluez la situation semaine après semaine et passez des accords concrets à cet égard avec vos collègues et supérieurs hiérarchiques. »
Travail et situation familiale influent sur le fonctionnement journalier
Pour 38 % des travailleurs belges, la crise du coronavirus a des répercussions négatives sur leur fonctionnement journalier. Ils signalent ressentir au moins trois des six problèmes suivants :
- J’ai eu (beaucoup) plus de mal à me concentrer que d’habitude sur mes occupations (50 %).
- Mes activités quotidiennes m’ont procuré (beaucoup) moins de plaisir (43 %).
- J’ai eu (beaucoup) moins le sentiment d’être aussi heureux que d’habitude (43 %).
- J’ai eu (beaucoup) moins le sentiment d’être aussi occupé que d’habitude (37 %).
- J’ai été (beaucoup) moins en mesure de prendre des décisions (22 %).
- J’ai été (beaucoup) moins en mesure de faire face à mes problèmes (14 %).
Les personnes seules sans enfant (45 %) rencontrent le plus de difficultés à gérer le stress et la solitude résultant du confinement. Les personnes en couple sans enfant obtiennent à nouveau les meilleurs résultats quant à leur santé mentale générale.
Cette étude a également examiné si travailler ou non avait des répercussions sur notre santé mentale. Il s’avère que le chômage temporaire a de sévères répercussions sur la santé mentale. Ainsi, 38 % des personnes qui travaillent encore pleinement pendant la crise du coronavirus rencontrent des problèmes dans leur fonctionnement journalier. Moins elles travaillent, plus ces problèmes augmentent. Ainsi, 45 % des personnes au chômage technique partiel se portent moins bien au quotidien, et ce pourcentage grimpe à 49 % chez les personnes en chômage technique total.
On observe la tendance inverse pour la satisfaction au travail. 62 % des personnes qui travaillent encore pleinement se disent satisfaites de leur travail. Cette satisfaction chute à 50 % chez les personnes au chômage technique partiel en raison de la crise du coronavirus. Seul 1 participant sur 3 au chômage technique total se dit satisfait de son travail.
« Malgré la pression au travail élevée et les conditions de vie au travail difficiles qui entraînent inévitablement du stress et de l’anxiété, cette étude montre que le fait de travailler joue énormément sur notre état d’esprit. Le travail continuera à avoir des répercussions importantes sur notre santé mentale même après la crise, et travailler en toute sécurité peut prévenir les problèmes de santé mentale. C’est pourquoi il est déjà important pour les entreprises d’avoir une discussion avec leurs travailleurs concernant la manière dont elles veulent gérer la reprise du travail en toute sécurité. Invitez les travailleurs à y réfléchir aussi ; cette démarche favorise une plus grande implication et donc une adhésion aux règles plus concrète et plus efficace », affirme Lode Godderis.
Et qu’en est-il de nos émotions ?
L’étude a également sondé les émotions des travailleurs belges. Plus de la moitié des participants se disent « tendus » (52 %) et 38 % sont « anxieux ». Toutefois, des émotions positives se manifestent aussi en cette période. La grande majorité des participants se disent « vigilants » (85 %), « attentifs » (81 %), « déterminés » (73 %) et « énergiques » (71 %).
Prochaine étape de l’étude : quelle importance les organisations accordent-elles au bien-être de leurs travailleurs ?
IDEWE et la KU Leuven entendent suivre les travailleurs belges pendant trois mois et leur soumettre quatre questionnaires pendant cette période. La prochaine étape de l’étude mettra l’accent sur l’importance accordée par les organisations au bien-être des travailleurs durant cette crise. S’emploient-elles à fournir les bonnes informations quant aux nouvelles procédures au travail en raison de la crise ? Font-elles preuve de compréhension vis-à-vis des besoins familiaux des travailleurs ? Ces ressources peuvent atténuer les répercussions négatives de la crise sur les travailleurs. Si vous souhaitez participer à l’étude, suivez ce lien.
Méthodologie
Le 26 mars, IDEWE et la KU Leuven ont lancé une étude qui analyse l’évolution de la crise du coronavirus sur le bien-être mental des travailleurs. Il s’agissait du premier questionnaire sur une série de quatre, chacun avec un intervalle de quatre semaines. Au total, 6 515 travailleurs ont complété le premier questionnaire.
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