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Problèmes de voix : trop d’excuses, pas assez de prévention

- Bonne forme physique | Travail ergonomique

Expert Kurt Van Melkebeke

Segment manager enseignement

Ayez conscience du problème et agissez avant l’apparition des troubles

« Les enseignants ont tendance à minimiser leurs problèmes de voix », constate Kurt Van Melkebeke, segment manager Enseignement chez IDEWE. Une attention préventive pour l’utilisation correcte de la voix est dès lors aussi importante que du mobilier ergonomique ou que limiter le poids des cartables par exemple.

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Les enseignants et les directions s’intéressent rarement au soin préventif de la voix, et la question de prendre soin de sa voix ne se pose que lorsque des problèmes  surviennent réellement. Ces problèmes vont de la voix enrouée à la capacité de ne produire que des sons rauques en passant par le mal de gorge, ce qui rend difficile l’expression orale d’un message. « Même dans ces cas, le problème est souvent minimisé », explique Kurt Van Melkebeke. « C’est dans la famille, c’est ma voix de tous les jours, avec un peu de repos ça ira mieux, etc. La conséquence est que les dégâts ne sont pas reconnus ou pris en charge et qu’ils ne font donc que s’aggraver. »

Une technique vocale inadaptée

La coach vocale Bernadette Timmermans accueille quotidiennement des enseignants pour un atelier sur l’utilisation correcte de la voix. « Plus de la moitié a déjà connu des problèmes de voix. Mais j’ai parfois la chance de coacher des enseignants en formation. Dans ces groupes aussi, ils sont 10 % à déjà avoir un problème vocal. Cela s’explique par le fait que les étudiants sont encore bien trop tendus devant une classe. En combinaison avec une technique vocale et respiratoire insuffisante, ce n’est pas surprenant. Mais cela ne peut pas continuer ainsi. Celui ou celle qui nie le problème fonctionnel court le risque que celui-ci se transforme en problème physique, avec des nodules et des polypes des cordes vocales et des dommages qui ne seront pas résolus avec juste un peu de repos. »

La meilleure approche

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Le problème ne fait souvent qu’empirer, car les enseignants peuvent rarement inclure de réelles périodes de repos durant la semaine de cours », observe Kurt Van Melkebeke. « Si vous n’êtes pas devant la classe, on attend souvent de vous que vous assuriez la surveillance à la récréation ou que vous participiez à une réunion. Les discussions vont également bon train dans la salle des professeurs. Et une fois à la maison, il est difficile de simplement laisser sa voix se reposer. À cela s’ajoute le stress, ce qui n’aide en rien à apaiser sa voix. En d’autres termes, la meilleure approche consiste donc  à accorder une attention préventive au problème et à apprendre à bien utiliser sa voix.

S’exercer pour une utilisation saine de la voix

Dans l’atelier sur l’utilisation de la voix d’IDEWE, nous mettons l’accent sur le soin à apporter à cet outil si précieux pour les enseignants. Vous apprendrez notamment qu’il ne faut pas forcément parler fort pour se faire entendre. Bernadette Timmermans vous donne également quelques conseils généraux.

Connaissez votre corps

Tout comme les autres muscles de notre corps, les cordes vocales d’une personne fonctionnent différemment de celles d’une autre personne. Apprendre à identifier les limites de votre voix est la base de l’utilisation saine de celle-ci. Vous pouvez faire mesurer votre ton naturel par un logopède, mais vous pouvez le trouver vous-même également. Il se situe à un point où vous ne pouvez pas ressentir de tension, de gêne ou de douleur.

Vous pouvez y travailler en réalisant un exercice de crunch statique. Durant cet exercice, vous vous asseyez au sol avec les pieds soulevés, en maintenant vos genoux et vos épaules au même niveau. Dans cette position, vos abdominaux sont sollicités. Maintenez la position, puis levez-vous et essayez de contracter à nouveau vos abdominaux, afin de ressentir la même tension. Ceci vous apprend à respirer de façon contrôlée avec un soutien abdominal, ce qui vous permet de diminuer votre ton de parole moyen.

Échauffez votre voix

Les athlètes qui utilisent leurs muscles de manière intensive doivent au préalable s’échauffer et s’étirer. Les cordes vocales sont contrôlées par des muscles et les enseignants sont des athlètes de la voix, pourquoi ne devraient-ils donc pas échauffer leurs cordes vocales ?

Expirez par exemple quelques fois lentement dans une paille. D’abord sans produire de son, ensuite en émettant le son « ouh » dans la paille (Lax Vox) ou en fredonnant doucement une mélodie. Adopter le bon état d’esprit, avant même le début du cours, a aussi toute son importance. Prendre un moment pour vous et dire « un, deux, trois, bonjour » de manière calme, sur un ton naturel et en articulant vous donne une référence sur laquelle vous pourrez vous baser plus tard dans l’heure de cours si nécessaire.

Détendez-vous

Ne restez pas tout le temps assis(e) lorsque vous donnez cours. En étant debout, vous vous faites mieux comprendre et entendre tout en faisant moins d’efforts. Adoptez une posture corporelle équilibrée et détendue, en vous appuyant sur vos deux jambes sans pour autant vous raidir. Étirez de temps à autre vos épaules. Ne levez pas trop le menton afin d’éviter une tension superflue dans votre cou et votre gorge.

Ne parlez pas trop fort

Lorsqu’un homme parle, ses cordes vocales vibrent en moyenne 110 fois par seconde. Chez une femme, c’est le double. Lorsque vous parlez fort ou lorsque vous êtes stressé(e), cette fréquence de vibration augmente fortement. Assurez-vous dans ces cas à ne pas commencer à parler plus fort. Il s’agit d’une réaction normale mais dommageable. Si vous devez le supporter pendant quelques heures par jour, cela endommage vos cordes vocales.

Ne cherchez donc pas à couvrir avec votre voix le brouhaha de la salle de classe. Regardez vos élèves. De la sorte, vous dirigez votre voix à travers le groupe plutôt qu’au-dessus de celui-ci.

Les professeurs de sport peuvent utiliser un sifflet pour donner des indications pendant le cours. Afin d’éviter des lésions auditives au professeur et à ses élèves, il lui est conseillé d’utiliser un sifflet poire.

Articulez

Le fait de parler entre ses dents est souvent le résultat de la timidité face à la réalisation de plus de mouvements de parole avec la bouche, la langue et les lèvres. Vous parlez alors automatiquement plus fort pour vous faire comprendre. En articulant clairement, vous n’avez pas besoin de crier. Continuez à parler normalement tout en ayant une voix basse et en faisant attention aux voyelles. Votre voix résonnera mieux ainsi.

Buvez de l'eau

Lorsque vous parlez, la respiration passe par la bouche. Les muqueuses s’assèchent alors plus vite que d’habitude, en particulier dans les locaux où l’air est sec. Par conséquent, vous toussoterez davantage, ce qui est mauvais pour la voix. Nous vous conseillons de boire une tisane ou de l’eau pendant et après le cours, ainsi que de mettre de petits bacs d’eau sur le chauffage afin d’augmenter l’humidité de l’air. 


Inhalations

Lorsque votre voix est fatiguée, les inhalations sont particulièrement apaisantes. C’est la seule manière d’humidifier directement vos cordes vocales. Penchez-vous au-dessus d’un récipient rempli d’eau très chaude additionnée de deux cuillers à soupe de sel et placez un essuie au-dessus de votre tête. Cela vous aidera à évacuer les muqueuses irritées.

Enregistrez-vous

Travaillez votre élocution. Insistez sur certains mots ou sur certaines syllabes. Tout comme votre débit de parole ainsi que la mélodie dans votre voix, c’est une manière de rendre votre récit passionnant et de retenir l’attention de votre public.

 

Si vous n’avez aucune idée de ce à quoi ressemble votre style oral, enregistrez votre cours et analysez la manière dont vous utilisez votre voix. C’est un exercice très instructif...ou révélateur.

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