« Faire son deuil, ce n’est pas couper le lien, mais se reconnecter »
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Expert Elke Velle
Conseillère en prévention aspects pyschosociaux
L’importance de pouvoir se recueillir ensemble lors de la perte d’un collègue
Même s’il y a un travail de deuil que chacun doit accomplir individuellement, en discuter ensemble permet de mieux appréhender la nouvelle situation. « Que le deuil soit devenu de plus en plus abordable sur le lieu de travail représente donc une grande valeur ajoutée », déclare la conseillère en prévention aspects psychosociaux Elke Velle.
« Auparavant, le deuil était principalement considéré comme une période que l’on devait traverser en raison du décès d’un être cher. C’était le temps dont vous aviez besoin pour couper le lien que vous aviez avec cette personne. Et cette démarche passait par plusieurs étapes successives : du déni à l’acceptation en passant par la colère et l’impuissance. Aujourd’hui, nous regardons ce processus avec des yeux différents. Les phases se succèdent en effet, mais pas nécessairement dans le même ordre. C’est une expérience très personnelle et il y a de fortes chances de passer plusieurs fois par la même phase. »
Un rituel comme point de repère
Nous ne parlons plus non plus d’une étape finale dans un processus de deuil. « Il ne s’agit pas de couper le lien, mais de se reconnecter avec quelqu’un. Outre l’acceptation que cette personne vous manquera énormément, il y a la question de savoir comment continuer à vivre votre vie sans la présence physique de cette personne. Lorsqu’un collègue décède, en discuter ensemble est une bonne chose car, en tant qu’équipe, il est logique de donner une place à cette perte. Dans ce contexte, un rituel peut aider. Il peut s’agir, par exemple, d’assister ensemble à la messe d’enterrement, mais aussi simplement d’un accord prévoyant que le bac à courrier du défunt peut être utilisé pendant un certain temps pour laisser des messages écrits. Vous pouvez ensuite remettre ces messages à la famille en tant qu’équipe. La compréhension et le soutien mutuels sont importants dans le processus que vous traversez individuellement, en plus de rapprocher les membres du groupe. »
Traces physiques
Le deuil n’est pas uniquement un processus psychologique. « Outre le processus psychologique et le fait de se reconnecter avec le défunt, il y a un processus physique en cours. Vous vous sentez lourd, parfois vide à l’intérieur. Vous manquez de concentration, vous avez du mal à prendre des responsabilités. De nombreux symptômes rappellent ceux que connaissent les personnes souffrant de dépression. Le deuil s’accompagne de stress, qui est susceptible de perturber nos hormones et de nous faire sentir mal physiquement, fatigués et moins en appétit, nous avons des palpitations, nous n’arrivons plus à réfléchir, nous sommes rapidement submergés par nos émotions. Nous avons besoin de temps pour assimiler cette perte. C’est pourquoi il est très difficile et presque impossible de le faire sur le lieu de travail. Une période de congé de deuil ou de congé de maladie est donc nécessaire. »
Pas seulement la perte de personnes
« Le deuil n’est pas non plus exclusivement lié à la perte d’une personne chère. La mort d’un animal de compagnie peut également plonger quelqu’un dans une situation de deuil, tout comme être confronté à une maladie grave, perdre l’espoir d’avoir un enfant ou perdre son emploi. La constante est la fin définitive d’une situation dans laquelle vous avez vécu un lien émotionnellement fort et le passage vers quelque chose de nouveau. »
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